Ni coach ni maître à penser, le mentor est un cadre expérimenté à même de vous accompagner à tous les stades de votre parcours. Voici comment le choisir.
Selon une étude américaine menée dans plusieurs grandes sociétés, 33% des recrues envisageraient dès la première année de quitter leur entreprise. Mais ce chiffre tomberait à 16% lorsqu’elles sont accompagnées par un mentor. Prenant acte de cette réalité, beaucoup d’entreprises, surtout anglo-saxonnes, ont cherché à formaliser cette pratique. Au Maroc, elle n’est encore appliquée que par quelques pionnières.
D’autres gagneraient à s’inspirer de ce modèle, car ses avantages sont réels. Un mentor prodigue des conseils, partage son expérience et ouvre son carnet d’adresses à son protégé. Il l’aide à identifier ses forces et ses faiblesses, à prendre la bonne décision. Et, si besoin, le recadre… Car lui dispose de la lucidité et du recul nécessaires. C’est en quelque sorte un guide, susceptible de vous aider à vous développer professionnellement, mieux et plus vite.
Identifiez le profil du guide qui vous convient
Pour définir le type de personnalité dont vous avez besoin, commencez par faire le point sur vos objectifs. Voulez-vous pallier un manque de contacts ? Donner un nouvel élan à votre carrière ? Changer de domaine ? Ou évoluer en interne et bénéficier des conseils d’un manager ayant déjà gravi les échelons ? Si un programme interne de mentoring existe dans votre entreprise, vous aurez à choisir quelqu’un au sein d’une liste préétablie. Cette formule n’est pas idéale, car elle limite le choix et ne garantit pas une confidentialité parfaite. Mais elle a l’avantage de rendre la recherche plus simple et plus rapide.
Si votre entreprise n’a pas mis en place un tel dispositif, il faudra trouver vous-même votre mentor. Vous songez à chercher en interne ? Méfiez-vous des jeux d’influence : votre guide doit pouvoir vous donner des avis neutres et désintéressés. Ne lui confiez pas d’informations susceptibles de vous nuire et n’oubliez pas qu’il pourrait un jour devenir votre chef.
Si vous optez pour un mentor externe, tournez-vous vers une personnalité qui vous a marqué. Ce pourra être un professeur, un ancien manager ou un cadre dirigeant que vous avez connu dans un environnement différent. Nul besoin qu’il soit plus âgé que vous, à condition qu’il ait davantage d’expérience. Sa première qualité ? Vous inspirer confiance.
Inscrivez votre relation
dans un cadre bien défini
Même si aucun contrat écrit ne lie mentor et mentoré, il est important de fixer des règles dès le départ. Commencez par délimiter son champ d’intervention. Vous devez définir ce que vous attendez de lui ; et, de son côté, il doit prendre la mesure de son engagement : s’agira-t-il de conseils ponctuels ou d’une aide plus poussée ? Puis mettez-vous d’accord sur les modalités pratiques : la nature des entretiens, leur confidentialité, la fréquence des échanges…
Abordez ensuite sans détour la question de la contrepartie à lui apporter. Pour fonctionner sur le long terme, le mentoring ne doit en effet pas être une relation unilatérale. Que peut-il attendre de vous ? Un accès à un autre réseau ? Des informations sur l’entreprise émanant d’un autre service que
le sien (s’il s’agit d’un mentor
interne) ? Ne perdez jamais de vue le principal : pour que le succès soit au rendez-vous, il doit exister une affinité entre vous.
Optimisez vos rencontres
en les préparant avec soin
Votre mentor sera certainement une personne pressée. Vos rencontres ne seront donc fructueuses que si elles sont bien préparées. Prévoyez chaque fois une liste de questions à lui soumettre. Vous rédigez une présentation pour le comité de direction ? Demandez-lui si les messages que vous avez choisis sont percutants. Vous êtes en conflit avec un collaborateur ou un fournisseur ? Interrogez-le sur les moyens de prendre de la hauteur. Vous avez été chassé par un cabinet ? Cherchez à savoir ce qu’il pense des conditions qu’on vous offre.
Surtout, évitez de lui faire un reporting détaillé des résultats que vous avez obtenus. Sébastien Lauvergne, directeur de l’International Management Academy, est formel : votre mentor n’est pas là pour juger de votre efficacité opérationnelle au quotidien. A l’issue de chaque rencontre, élaborez un plan d’action dont vous dresserez le bilan la fois suivante. Evitez de trop le solliciter en dehors de ces moments précis. En revanche, n’hésitez pas à reporter un rendez-vous lorsque cela vous semble plus judicieux.
Prenez conscience des limites de cette relation
Si un mentor peut se révéler précieux, attention cependant à ne pas en devenir esclave. Vous devez pouvoir prendre une décision sans son avis ! Conservez toujours un minimum d’esprit critique : son rôle est de vous guider, pas de choisir à votre place. Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec l’un de ses conseils, ne le suivez pas. En outre, rien ne vous empêche de prendre d’autres avis lorsque l’enjeu est important. Et n’abordez pas de sujets trop personnels avec lui, ce n’est pas votre psy.
Enfin, sachez limiter le mentoring dans le temps. «Quand vous sentez que son apport n’est plus aussi significatif, que les sujets abordés s’amenuisent, que vos rencontres s’espacent, le moment est peut-être venu d’y mettre un terme», estime Pascale Pailhé, à la tête du cabinet Mentoria. Expliquez simplement que vous avez le sentiment d’avoir franchi un cap. Pour autant, ne rompez pas tout contact. Donnez-lui de vos nouvelles. Peut-être déciderez-vous, plus tard dans votre carrière, de faire à nouveau appel à lui.
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